Introduction

En tant qu’adolescent, tu fais faces à un nombre impressionnant de choix et à la pression sociale. Tu feras peut-être face au choix de consommer ou non du cannabis ou d’autres drogues. Il se peut d’ailleurs que tu entendes différentes choses à propos de l’essai ou de la consommation régulière de cannabis. De récents débats publics, le changement des lois relatives à sa consommation, ainsi que son utilisation comme traitement contre certains problèmes de santé ont amené certaines personnes à croire qu’il est utile et ne présente aucun danger pour la santé ou l’apprentissage. Cet article ne t’impose aucune conduite à suivre. Il présente plutôt les recherches les plus récentes au sujet des effets du cannabis sur le cerveau en développement et remet en question certains stéréotypes et mythes concernant cette drogue.

Aussi connu sous le nom de marijuana, le cannabis est une plante ou mauvaise herbe entraînant des effets psychotropes qui peuvent temporairement modifier les fonctions cérébrales, agir négativement sur l’humeur, la réflexion et le comportement. Après le tabac et l’alcool, le cannabis est la drogue la plus couramment utilisée dans le monde et est le plus souvent consommé en fumant, en le vapotant, ou encore sous forme comestible. En Amérique du Nord, suite à de récents changements de la loi, l’utilisation du cannabis a été légalisée pour les personnes âgées de plus de 18 ou 19 ans au Canada et de plus 21 ans dans la plupart des États américains. Les gens disent qu’ils consomment du cannabis pour un certain nombre de raisons, notamment pour «tester» ses effets, pour aider à la socialisation, ou encore à des fins médicales. Avant tout, le cannabis semble utile dans la mesure où il agit sur l’humeur et favorise la sociabilité. Cependant, sa consommation régulière semble en fait empirer ces facteurs. Il présente aussi des conséquences négatives sur la santé physique et mentale, surtout lorsqu’il est consommé régulièrement et en grande quantité par un adolescent ou un jeune adulte. Il joue aussi un rôle négatif sur le jugement et la capacité à prendre des décisions réfléchies, poussant ainsi certaines personnes à prendre de gros risques, comme de conduire sous influence [1].

Les progrès technologiques permettent aux chercheurs d’examiner de manière précise la nature et le fonctionnement du cerveau. Par exemple, les techniques d’imagerie cérébrale, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), ont montré que la période allant de l’adolescence au début de l’âge adulte est marquée par des changements de grande ampleur au niveau de deux parties extrêmement importantes du cerveau. La première partie, appelée système endocannabinoïde, permet de développer les connexions entre les différentes parties du cerveau tout en assurant leur bon fonctionnement [2]. Comme son nom l’indique, c’est un système qui est clairement affecté par le cannabis. La deuxième partie du cerveau qui subit des changements majeurs entre l’adolescence et le début de l’âge adulte est le cortex préfrontal. Cette région est considérée comme le «chef» du cerveau, et est notamment responsable des fonctions de prise de décisions, de résolution de problèmes et de maîtrise de soi (Figure 1) [2]. En résumé, les recherches nous indiquent que le système endocannabinoïde et le cortex préfrontal sont encore en développement jusqu’à ce que nous soyons dans la vingtaine. De plus, jusqu’à cet âge, ces parties sont particulièrement sensibles aux effets néfastes des produits chimiques tels que l’alcool, le cannabis et d’autres drogues [2].

Question 1: Quels sont les effets à court terme du cannabis sur le cerveau et l’apprentissage? comment les chercheurs le savent-ils?

Déjà à court terme, les effets néfastes du cannabis sont mesurables au niveau des notes à l’école et des performances scolaires des adolescents (Figure 2). En comparant les adolescents qui consomment du cannabis à ceux qui n’en consomment pas, les chercheurs ont découvert que ce premier groupe ne réussit pas aussi bien que le second des tâches nécessitant de l’attention, de l’apprentissage, de la mémoire et de la vitesse de réaction [3]. Ce constat reste le même quand les jeunes arrêtent d’en consommer pendant un mois avant l’expérience. De plus, les adolescents qui commencent à prendre du cannabis à un âge précoce (moins de 15 ans) ont des performances encore moindres pour ces tâches par rapport à ceux qui commencent à en consommer plus tard [2]. Que pourrait-il bien se passer dans le cerveau pour expliquer ces mauvaises performances?

Comme mentionné ci-dessus, le système endocannabinoïde du cerveau n’a pas encore fini de se développer pendant l’adolescence. Bien que son rôle dans le cerveau ne soit pas encore entièrement compris, nous savons que dans les zones du cerveau qui sont essentielles à l’apprentissage et à la mémoire [2], le système endocannabinoïde renforce les connexions importantes et affaiblit celles qui le sont moins. La consommation du cannabis alors que ce système est encore en développement vient entraver la réflexion, l’attention et l’apprentissage, ce qui pourrait alors expliquer les performances moins bonnes que l’on observe chez les adolescents qui en sont des adeptes [2].

En utilisant des images IRM, les chercheurs ont découvert qu’une région spécifique du cortex préfrontal était plus petite chez les adolescents qui consomment beaucoup de cannabis par rapport à ceux qui n’en consomment pas du tout [4]. Le groupe des consommateurs de cannabis avait également tendance à être plus impulsif, c’est-à-dire à faire des choses sans bien y réfléchir avant [4]. Dans un test de mémoire, les consommateurs de cannabis ont présenté une activité réduite dans le cortex préfrontal par rapport à ceux qui n’en consomment pas [3]. En résumé, il semble que la consommation du cannabis influence à la fois la taille et l’activité du cortex préfrontal, une zone fondamentale pour l’apprentissage.

Question 2: Quels sont les effets à long terme du cannabis sur le cerveau et l’apprentissage?

La recherche semble soutenir que les grands consommateurs de cannabis à l’adolescence parviennent moins loin dans leurs études. En effet, la probabilité qu’ils finissent des études de haut niveau est négativement influencée par leur consommation. Par exemple, une étude a examiné les individus à partir de leur adolescence jusqu’à la vie adulte. Elle a révélé que les consommateurs de cannabis, de l’adolescence à l’âge adulte, ont tendance à aller moins longtemps à l’école que ceux qui n’en ont pas consommé pendant cette période [5]. Pourquoi ce constat? D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre comment cette drogue influence négativement la réussite scolaire. Cependant, il est possible que les changements qui s’opèrent dans le cerveau en consommant du cannabis à l’adolescence puisse expliquer ces observations. Par ailleurs, cela peut être dû aux effets négatifs à court terme de cette drogue sur la mémoire, l’attention et la motivation, limitant ainsi les chances des consommateurs d’avoir de bons résultats et de suivre des études supérieures.

Question 3: Est-ce que les effets négatifs du cannabis sur l’apprentissage sont reversibles?

La bonne nouvelle est que, compte tenu de la rapidité des changements et de la réorganisation qui se produisent dans le cerveau à l’adolescence, ce dernier pourrait bien être capable de se remettre des conséquences néfastes des toxines comme l’alcool, le cannabis, ou d’autres drogues.

Des chercheurs ont par exemple constaté qu’un arrêt de consommation de trois mois permet à la majorité des problèmes de mémoire, d’apprentissage et d’attention de se résorber [3].

Conclusion

Dans l’ensemble, les résultats de recherches récentes soutiennent que le cannabis présente des effets néfastes sur le cerveau, surtout lorsqu’il est consommé de l’adolescence à l’âge adulte. Toutefois, les conclusions de certaines études ne sont pas claires et beaucoup reste à faire; autrement dit, d’autres recherches doivent être menées sur le sujet dans la mesure où jusqu’ici, l’accent a été mis sur les rapports (corrélations) entre la consommation du cannabis et les différences observées dans le cerveau. De ce fait, nous ne savons pas encore si le cannabis est la cause de ces différences, ou si ces dernières existaient déjà avant la consommation de cette drogue. Même si nous avons encore beaucoup à apprendre au sujet des effets du cannabis, la plupart des médecins, des chercheurs et des gouvernements recommandent de ne pas en consommer pendant l’adolescence.

Si tu souhaites en consommer, pose-toi d’abord les questions suivantes:

• Pourquoi voudrais-je consommer du cannabis? Suis-je en train d’essayer de fuir quelque chose ou d’ignorer un problème?

• Comment pourrai-je savoir si le cannabis influence ma capacité d’apprendre ou d’aller à l’école? Comment pourrai-je reconnaître que la consommation du cannabis devient un problème pour moi?

• À qui pourrai-je m’adresser, ou encore, où pourrai-je trouver de l’aide si un de mes amis ou moi-même commencions à avoir des problèmes avec la consommation de cannabis?

Te pencher sur ces questions te permettra de prendre les meilleures décisions pour ta santé et celle de ton cerveau.

Contribution des auteurs

LV, JH, CM, KG, et MA ont contribué à l’élaboration et la production du manuscrit. LV en a produit la première ébauche et tous les auteurs ont contribué à sa révision et à sa lecture puis approuvé la version finale soumise.

Conflit d’intérêts

Les auteurs déclarent que ces travaux de recherche ont été menés en l’absence de toute relation commerciale ou financière pouvant être interprétée comme un potentiel conflit d’intérêts.

Remerciements

Les illustrations ont été gentiment offertes par Madelyn Vedelago. Les auteurs expriment leur reconnaissance envers Jane Jomy pour avoir contribué à la revue de la littérature du présent article. Les auteurs reconnaissent et admettent que cet article a été réalisé sur le territoire traditionnel des nations Mississauga et Haudenosaunee et au sein des territoires protégés par l’accord wampum «Dish With One Spoon.» Les auteurs remercient infiniment tous ceux qui ont contribué à la traduction des articles de cette collection afin de les rendre accessibles et compréhensibles aux enfants des pays non anglo-saxons, ainsi que la Fondation Jacobs pour avoir octroyé les fonds nécessaires pour cette traduction.

Déclaration d’utilisation des outils d’IA

Tout texte alternatif fourni avec les figures de cet article a été généré par Frontiers grâce à l’intelligence artificielle. Des efforts raisonnables ont été déployés pour garantir son exactitude, notamment par une relecture par les auteurs lorsque cela était possible. Si vous constatez des problémes, veuillez nous contacter.