Les humains ont des relations étroites avec les animaux

Depuis la préhistoire, les animaux domestiques aident les humains dans leurs activités quotidiennes. L’élevage d’animaux a fourni du lait, de la viande et des œufs, permettant aux humains de moins souffrir de la faim. Les chevaux et les ânes ont facilité les déplacements sur de longues distances et la conquête de nouveaux territoires. D’autres espèces, comme les bovins, ont aidé les gens à labourer les champs et à cultiver des plantes plus facilement, tandis que les moutons ont fourni de la laine, qui a servi à fabriquer des vêtements chauds et à protéger les gens des hivers froids. Pendant des milliers d’années, des liens particuliers se sont tissés entre nous et les chats et les chiens vivant dans nos maisons. Ces animaux nous ont protégés d’éventuels dangers et nous ont tenu compagnie. Cependant, les interactions fréquentes avec des animaux peuvent parfois entraîner la transmission de maladies animales aux humains.

Qu’est-ce qu’une zoonose ?

Les maladies des animaux qui se transmettent naturellement aux humains sont appelées zoonoses ou maladies zoonotiques. La plupart des maladies infectieuses humaines proviennent à l’origine des animaux, et beaucoup d’entre elles comme Ebola, le SIDA, la grippe aviaire et la variole du singe sont devenues des urgences mondiales [1]. La pandémie de COVID-19 est une nouvelle zoonose causée par un coronavirus qui provient probablement des chauves-souris. Les grandes pandémies du passé, comme la peste et la grippe, sont également des zoonoses.

Certaines personnes ont un risque plus élevé d’attraper des zoonoses, notamment les enfants, les personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies ou qui souffrent de maladies chroniques, les personnes âgées et les femmes enceintes. Les pandémies causées par les zoonoses s’expliquent souvent par un comportement humain irresponsable, notamment la création de fermes d’élevage gigantesques, l’utilisation excessive d’antibiotiques dans ces fermes et chez les animaux de compagnie, la destruction des forêts, le commerce illégal d’animaux, la consommation de viande d’animaux sauvages et les déplacements des humains, des animaux et de produits d’origine animale à travers le monde. Les insuffisances de certains services de santé contribuent également à la propagation des zoonoses [2, 3].

Les zoonoses sont causées par des bactéries, des virus, des champignons et des parasites, et les symptômes des zoonoses sont très variables. De nombreuses zoonoses peuvent provoquer des symptômes semblables à ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, fatigue, manque d’appétit, maux d’estomac, vomissements ou diarrhée. Beaucoup de ces symptômes sont communs à plusieurs maladies, il est donc important de consulter immédiatement un médecin s’ils se manifestent.

Comment les zoonoses se transmettent-elles des animaux aux humains ?

Les animaux, en particulier les animaux domestiques, sont souvent en contact avec les humains, et il existe différents modes de transmission (propagation) des agents pathogènes zoonotiques (Figure 1). Le contact direct avec la salive, l’urine, les excréments, le sang ou le mucus des animaux, y compris les morsures et les griffures, peut entrainer des zoonoses. De nombreuses personnes tombent également malades après avoir mangé des aliments ou bu de l’eau ou du lait contaminés par des agents pathogènes provenant d’animaux infectés. Les infections peuvent survenir en respirant de l’air contenant des agents pathogènes sous forme d’aérosols, ou en cas de contact avec des surfaces contaminées aux endroits où vivent des animaux infectés. Enfin, d’autres organismes appelés « vecteurs », comme les moustiques ou les tiques, peuvent transmettre des agents pathogènes des animaux aux humains [3].

Les zoonoses sont très répandues – pas seulement dans les forêts et les endroits peu habités, mais aussi dans les zones urbaines. Il est donc important que chacun, où qu’il soit, connaisse les précautions à prendre pour éviter d’attraper une zoonose.

Comment éviter les zoonoses ?

La principale chose que l’on puisse faire pour éviter la propagation des zoonoses est d’éviter que les animaux soient infectés. Si les animaux ne sont pas infectés, ils ne seront pas en mesure de transmettre la maladie à d’autres animaux ou aux humains. Par exemple, la meilleure stratégie pour éviter la rage est de vacciner les animaux, pas les humains (Figure 2) !

Transmission du virus : différents animaux peuvent être porteurs du virus de la rage. Dans 99 % des cas de rage canine, les personnes sont infectées par la salive du chien contaminé lors d’une morsure. Le virus attaque le cerveau et, chez l’humain, la rage est mortelle dans 99.9 % des cas une fois les symptômes apparus.

La rage tue : plus de 120 pays sont encore touchés par la rage des chiens. La rage tue plus de 59 000 personnes par an. Toutes les 9 minutes une personne meurt de la rage. Deux personnes sur cinq qui meurent de la rage sont des enfants de moins de 15 ans.

Prévention de la rage : 100 % des cas de rage humaine peuvent être évités. Apprends le langage corporel des chiens pour éviter de te faire mordre. Si tu te fais mordre, contacte immédiatement un médecin. Bien laver la plaie avec du savon et se faire vacciner peut éviter l’infection et sauver des vies.

Vaccination des chiens : vacciner 70 % des chiens interrompt la transmission de la rage dans les zones à risque, surtout dans les communautés rurales pauvres à travers le monde.

Malheureusement, il n’est pas toujours possible d’empêcher les animaux d’être infectés. Nous devons donc prendre d’autres mesures pour éviter les infections par des agents pathogènes zoonotiques (Figure 3). Le plus important est de se laver les mains après avoir été en contact avec des animaux, avec du savon ou, si cela n’est pas possible, avec un désinfectant pour les mains (du gel hydroalcoolique par exemple). Il est également très important de comprendre le comportement des animaux pour éviter d’être mordu ou griffé. Évite toujours de toucher des animaux sauvages, car ils pourraient ne pas être habitués au contact humain et pourraient te mordre ou te griffer pour se protéger. Évite aussi de consommer des aliments ou de l’eau qui pourraient être contaminés. Les aliments provenant d’animaux (viande, œufs) doivent être cuits suffisamment pour tuer les agents pathogènes. Enfin, évite les piqûres de moustiques ou d’autres insectes en utilisant si possible des répulsifs ou des moustiquaires. Voici un fait peu connu : ce ne sont pas les lions ou les requins qui tuent le plus de personnes chaque année, mais les moustiques ! Ces insectes peuvent en effet transmettre des zoonoses graves, voire mortelles.

Étant donné le nombre de précautions nécessaires, on serait tenté de laisser les zoonoses nous éloigner des animaux et de la nature. Ce serait une erreur. Les zoonoses nous donnent au contraire une raison supplémentaire de développer un lien plus fort avec la nature et les animaux car si les animaux sont en bonne santé, les êtres humains le seront aussi.

Un chien enragé et le premier vaccin humain contre la rage

Comme nous l’avons mentionné, les zoonoses ne se transmettent pas uniquement dans les endroits les plus sauvages de notre planète, comme les jungles ou les forêts tropicales. De nombreuses zoonoses peuvent être attrapées dans les villes et les villages, comme l’a appris en 1831 un petit garçon français de neuf ans.

Louis Pasteur est un des plus grands microbiologistes de l’histoire de la médecine. Parmi les nombreuses maladies qui touchaient les gens à son époque, pourquoi s’est-il concentré sur la rage ? En octobre 1831, alors qu’il n’avait que neuf ans, il passait devant la boutique d’un forgeron à Arbois, un village de l’est de la France, et a assisté à une scène choquante. Le fermier Nicole avait été mordu par un chien enragé et le forgeron tentait de le soigner en mettant un fer chaud sur la plaie. Le pauvre fermier hurlait de douleur et Pasteur a fui la scène, horrifié. La nuit, le petit Louis tremblait de peur dans son lit quand il entendait les chiens enragés courir en hurlant dans les rues de son village. Malheureusement, le fermier Nicole est mort de la rage, ainsi que huit autres habitants du petit village. Le chien est mort de la rage lui aussi. Louis Pasteur n’a jamais oublié cet incident effrayant et, après de nombreuses années d’études et d’expériences avec des lapins et des chiens, il a administré le premier vaccin contre la rage au petit Joseph Meister le 6 juillet 1885. Joseph, âgé de neuf ans, avait été mordu par un chien à 8 heures du matin le 4 juillet. Avec 14 morsures au moins, le petit garçon semblait être destiné à mourir. Mais le vaccin administré rapidement après l’incident l’a sauvé et a ainsi changé l’histoire de la médecine [4]. Le rêve du jeune Louis Pasteur de soigner cette terrible maladie s’est réalisé. Afin de commémorer l’importante avancée scientifique que représentait cette première vaccination d’un humain contre la rage, la Journée mondiale des zoonoses est célébrée chaque année le 6 juillet.

Zoonoses : mieux vaut prévenir que guérir

Aujourd’hui, les zoonoses sont de plus en plus fréquentes et se répandent dans le monde entier. Traiter les symptômes d’une zoonose ne suffit pas, il faut aussi en combattre la cause, l’agent infectieux. De la même manière, c’est insuffisant de développer des médicaments puissants ou des vaccins sophistiqués si nous ne réduisons pas aussi l’impact négatif causé par notre espèce sur les autres êtres vivants. Cela peut se faire en mettant fin à la déforestation et au trafic international d’animaux sauvages, en réduisant l’utilisation de médicaments dans les élevages et en améliorant la recherche scientifique sur les maladies des animaux sauvages et domestiques. Essayer de contrôler les zoonoses après qu’elles se sont déjà propagées aux humains est très couteux. Les prévenir avant qu’elles ne se propagent aux humains l’est beaucoup moins, et c’est surtout plus efficace.

Contributions à la version française

TRADUCTEUR : Catherine Braun-Breton (Association Jeunes Francophones et la Science, Montpellier, France)

ÉDITEUR : Sylvie Boussès-Hurtrez (Association Jeunes Francophones et la Science, Montpellier, France)

MENTOR SCIENTIFIQUE : Ula Hibner (Association Jeunes Francophones et la Science, Montpellier, France)

JEUNES EXAMINATEURS : Classe de seconde, lycée Jules Guesde, 15-16 ans. Ambre et Sandosse sont élèves dans la classe de M. Benjamin Vuadelle au lycée Jules Guesde à Montpellier. Elles ont été très intéressées par les articles et par le rôle important qui leur a été confié dans l’évaluation de ces articles. Elles sont prêtes à recommencer !

Glossaire

Zoonose/maladie zoonotique: ↑ Maladie animale naturellement transmissible aux humains.

Pandémie: ↑ Maladie qui se propage au monde entier.

Défenses immunitaires: ↑ Défenses naturelles du corps activées lorsque l’organisme est agressé, en particulier lors d’une infection. Elles sont assurées par un ensemble d’organes et de cellules qui constituent le système immunitaire.

Animal domestique: ↑ Animal qui n’est pas sauvage et qui est gardé comme animal de compagnie ou pour produire de la nourriture.

Agent pathogène: ↑ N’importe quel organisme susceptible de causer une maladie.

Aérosol: ↑ Suspension dans l’air de petites particules ou de gouttelettes qui peuvent contenir des pathogènes.

Vecteur: ↑ Organisme vivant qui porte un pathogène et le transmet à un autre organisme vivant.

Rage: ↑ Maladie mortelle qui se transmet aux humains par la salive d’animaux infectés, en général par morsure.

Conflit d’intérêts

Les auteurs déclarent que les travaux de recherche ont été menés en l’absence de toute relation commerciale ou financière pouvant être interprétée comme un potentiel conflit d’intérêts.